Lettre au Président et aux élus de la Fédération Française de Tennis - 28 octobre 2013
Sommaire
1 - Une non information des dirigeants de clubs et des licenciés de la FFT
2 - Des comparaisons incomplètes avec les autres disciplines sportives
A - La licence n'est pas le seul coût supporté par les licenciés
B - Le jeu des comparaisons
3 -Le coût financier pour accéder à la pratique d’un sport :
« un acte politique relativement important ».
4 - Une fédération où le turn-over est important
5 - Un « projet coûteux » n’est pas un « projet vertueux »
6 - Une augmentation à vie présentée comme le financement d’un projet 2013/2018
7 - Un projet à + 64 % pour la licence enfant
8 - Un projet fort probablement en contradiction avec
l’article 1, paragraphe 1 des statuts de la FFT
9 - Un détracteur de plus
10 - 16 000 € de la FFT pour participer au financement du troisième court couvert du club
11 - Des augmentations futures qui peuvent et doivent être soumises aux licenciés
Monsieur le Président de la Fédération Française de Tennis,
Messieurs les élus de la Fédération Française de Tennis,
J’ai reçu en avril/mai 2013, en tant que correspondant de notre association (Tennis Club de Crépy en Valois), le procès-verbal de l’Assemblée Générale de la Fédération qui s’est tenue le 16 février 2013.
J’y ai découvert, avec la plus totale des surprises, que l’Assemblée Générale de la FFT avait voté une augmentation du montant de la licence fédérale sans commune mesure avec le rythme traditionnel de ces augmentations automnales. J’ai lu, dans ce procès verbal, que cette augmentation s’inscrivait dans un plan sur 5 ans qui va, au final, porter le montant de la licence à 31 €, en 2018 pour une licence adulte, et 22 € pour une licence enfant.
Sur les cinq années qui viennent, de 2014 à 2018, la Fédération envisage donc, en ayant d’ores et déjà engagé cette évolution, de cumuler 10 € d’augmentation du montant de la licence fédérale, pour les adultes, et 9.50 € pour les enfants. Si l’on cherche à se rassurer, on peut concevoir que ces totaux seraient minorés par les augmentations « naturelles » correspondant au rythme annuel que nous connaissions avant le début de votre second mandat, c’est à dire 0.50 € par an pour les adultes, et 0.50 € pour les enfants mais uniquement tous les deux ans.
Au final, cette augmentation supplémentaire, cette « augmentation augmentée », se solde néanmoins par 7.50 € supplémentaires pour les adultes et 8 € pour les enfants, en cinq ans !
Je reste étonné par une telle démarche, pour plusieurs raisons.
I - Une non-information des dirigeants de club et des licenciés de la FFT
Je lis régulièrement les Tennis Infos et les Picardie Tennis, qui restent bien les seuls médias officiels des instances de la Fédération qui nous sont destinés.
Dans aucun d’eux je n’ai lu la moindre information préalable à ce projet du changement de rythme dans l’augmentation du montant des licences fédérales. J’ai lu beaucoup d’articles, très régulièrement tous nous enjoignant de soutenir le projet de modernisation du stade de Roland Garros, détaillant les progrès et les points forts de ce projet. Pourquoi pas ? Mais aucun de ces écrits ne nous a décrit les effets secondaires de ce projet de modernisation du stade de Roland Garros sur les licenciés de la FFT et leur porte-monnaie ! Strictement aucune allusion à cette conséquence s’imposant au million des licenciés de la FFT ! Un silence assourdissant !
De même, je n’ai reçu, en tant que correspondant officiel de notre association, aucune information, aucune sollicitation sur cet aspect, sur une telle révolution pourrait-on dire dans le rythme d’augmentation du montant de la licence fédérale.
Dans notre club, le Comité de Direction constitué par les élus de notre association, communique pourtant à nos adhérents une proposition des montants des tarifs pour la saison suivante, préalablement à la tenue de notre Assemblée Générale. Une simple proposition des possibles nouveaux montants des cotisations qui est soumise à l’ensemble de nos adhérents, à leur réflexion, avec un temps suffisant pour en faire une analyse sereine, puis réagir s’ils pensent que c’est nécessaire. Présents le jour de l’assemblée, ils peuvent se prononcer en toute connaissance de cause. Absents, ils ont aussi la possibilité d’en débattre au préalable, de tenter de convaincre d’autres adhérents, voire les élus que nous sommes, pour d’autres choix, par d’autres argumentaires. Un fonctionnement pleinement démocratique, sans autre surprise.
Je n’ai donc, ni en tant que correspondant officiel de notre association, ni par nos élus de Comité Départemental ou de Ligue, pourtant représentant les licenciés picards, eu connaissance de cette démarche complètement inhabituelle, en rupture totale avec l’histoire de la Fédération. Le président de notre association, qui assiste pourtant assidument aux assemblées générales du Comité Départemental et de la Ligue, n’a pas répercuté auprès de notre association, auprès de notre Comité, la moindre information sur ce projet d’augmentation importante du montant de la licence fédérale. Je lui ai demandé s’il avait été informé de ces conséquences sur le montant de la licence fédérale ? Il m’a confirmé qu’il n’avait rien reçu, ni rien entendu, à ces occasions, aucune information particulière sur ce thème.
Ai-je raté une information qui aurait été diffusée par l’un de ces vecteurs : presse officielle de la FFT, diverses assemblées générales, divers courriers, de la FFT, la Ligue, le Comité départemental ? Peut-être avons-nous manqué de vigilance ?
J’ai malheureusement la quasi certitude que vous n’avez pas fait le même effort d’information sur le beau projet de modernisation du stade de Roland Garros, plus que médiatisé, et sur cette « augmentation augmentée » de la licence fédérale, en rupture avec une augmentation « naturelle », « historique », raisonnable oserais-je dire !
Bien évidemment, vous n’aurez pas la nécessité de me rappeler que le montant des licences est fixé par l’Assemblée Générale de la FFT et ses élus, légitimement (article 10, paragraphe 6 des statuts de la FFT).
Mais, et j’en appelle à votre sens de la démocratie en vous posant cette question fondamentale, n’y avait-il pas nécessité, pour une augmentation d’une ampleur sans égale, en rupture totale avec l’histoire de notre Fédération, à informer l’ensemble des licenciés de la FFT, au préalable, à grande échelle, le plus clairement du monde, sur le fait que vous proposiez une telle modification du rythme d’augmentation du montant de la licence fédérale ? N’était-ce pas une honnêteté incontournable, le devoir des élus que vous êtes, que d’accompagner la défense du projet de modernisation du stade de Roland Garros par l’information exacte et précise des conséquences financières sur le montant de la licence fédérale et les dépenses à engager pour nos adhérents ?
II - Des comparaisons incomplètes avec les autres disciplines sportives
Pour justifier un tel changement de rythme dans l’augmentation du montant la licence fédérale, vous prenez en exemple, dans ce fascicule (PV de l’AG de la FFT), le montant des licences sportives dans différentes autres disciplines sportives. Et vous faites la démonstration qu’une fois cette augmentation spectaculaire totalement mise en œuvre (2018), le coût d’une licence-tennis sera réajusté à un niveau comparable à celui de ces autres disciplines sportives.
Je regrette qu’ainsi, vous n’examiniez cette question que… du haut de la pyramide, si j’ose dire, en n’adoptant que l’unique point de vue que l’on peut avoir du sommet de la Fédération. De haut en bas.
De bas en haut, il en va tout autrement.
A - La licence n’est pas le seul coût supporté par les licenciés.
Pour les licenciés FFT, que nous sommes pourtant tous, le coût d’une année tennistique ne se résume pas au seul coût de la licence. Vous le savez bien. Je prétends que l’on peut aisément dire que cette particularité n’est pas vraie, ou beaucoup moins, dans les autres disciplines sportives comparables (sports de masse), comparaisons que vous posez pourtant comme pertinentes dans cette démonstration.
Si un footballeur peut se contenter de verser une centaine d’euros de cotisation dont 42 € de licence fédérale, c’est qu’il peut ensuite jouer une saison complète sans ne plus jamais mettre la main au porte-monnaie. On a même souvent pris la peine d’inclure dans le montant de sa cotisation globale un peu de matériel (chaussures, short, maillot). Pour faire une saison, un footballeur va donc débourser… une centaine d’euros. Et c’est tout. « L’accès à la pratique » du football est donc d’une centaine d’euros !
Un basketteur, à peu de choses près, devra consacrer un budget équivalant. Il aura lui aussi un peu de matériel (maillot, short) dans ce même montant. Un handballeur sera dans la même situation, grosso modo.
Etc…
Par contre, un joueur de tennis va d’abord devoir débourser 31 € de licence fédérale. Il lui faudra ensuite débourser le montant de la cotisation de son club, souvent assez lourde, cette fois ci sans plus aucune comparaison possible avec ces autres sports. Il approche déjà les 200 euros fort probablement (tout le monde n’a pas la chance d’évoluer dans notre club où, là, ces deux montants cumulés avoisineront à peine, dans le pire des cas, un total de 110 €). Le joueur de tennis devra encore débourser quasiment 20 € pour chaque tournoi officiel qu’il voudra faire dans sa saison. Disons 4 tournois dans sa saison (petite saison) : 80 €. 12.55 € de plus pour une participation aux championnats individuels organisés par la Fédération et ses Comités départementaux (qui disposent déjà pourtant d’une partie du montant des licences fédérales). On frôle les 300 €. Il lui faudra aussi acheter, régulièrement, des balles, un « consommable » faisant partie intégrante du jeu (environ 6 € le tube). 10/15 dans l’année au moins. 90 € de mieux. Un footballeur, un handballeur, un basketteur ne rachètent pas un ballon à chaque fois qu’ils vont s’entrainer ou prendre part à une compétition. Au final (je laisse aussi de côté les cordages qu’on pourrait aussi signifier comme partie intégrante du jeu), ce sont pas moins de 400 €, budget minimal, qui restent nécessaires à la pratique du tennis en compétition. Et sans rajouter le coût de l’équipement en chaussures et vêtements qui ne sont, dans le tennis, jamais fournis, sinon, peut-être, parfois, aux 5 ou 6 joueurs d’une équipe fanion.
Si la licence fédérale dans ces autres disciplines sportives sera effectivement d’un montant comparable à la licence de tennis de 2018, il n’en demeure pas moins que le joueur de tennis de base devra engager, dans le rythme d’une pratique sportive comparable à celles des autres disciplines sportives évoquées, un budget au moins 4 fois supérieur ! Le tennis étant ainsi un sport 4 fois plus onéreux que ces autres disciplines. Nous nous retrouverons alors, manifestement, assez loin de la formule consacrée : le tennis, un sport réservé à tous… tous ceux qui peuvent y mettre 4 fois plus d’argent que pour un autre sport !
Vous comprendrez que la démonstration tronquée sur cette licence fédérale de tennis qui serait sous-évaluée, même en 2018, n’est pas d’une pertinence suffisante pour lui donner la valeur d’un argument, d’une justification acceptable pour un tel projet d’augmentation.
J’espère que vous n’aurez pas de mal à penser, comme moi, qu’il est nécessaire, voire essentiel pour les élus de la FFT, d’aller adopter le point de vue du pratiquant de base, à l’autre bout du système, certes le millionième élément de la Fédération mais pourtant l’élément constitutif essentiel ?
J’ai lu que c’était l’une de vos préoccupations que de « coller à la réalité du terrain pour améliorer la vie de nos clubs et de nos licenciés ». C’est assurément une démonstration qui n’est pas faite ici.
Sur le coût net de la licence, on peut remarquer que ne sont retenus, dans les exemples repris dans ce procès-verbal (on y évoque un tableau qui n’est pas disponible dans les annexes de ce document), que ceux qui vont dans le sens de la démonstration favorable à cette hausse, ce projet unanimement porté par les élus de la Fédération.
Pourquoi ne pas citer le coût d’une licence de natation, à 25 € pour un adulte et 15 € pour un jeune ? Des montants comparables à ceux de la licence tennis 2012/2013 ?
Pourquoi ne pas citer le coût d’une licence de hand-ball, à 23.40 € (+ 3.05 € ?) pour un adulte et 14.20 € (+1.53 € ?) (moyenne) pour un jeune ?
Pourquoi, par exemple, ne pas citer le coût d’une licence de tennis... de table à 16.85 € pour un adulte et 8.45 € pour un jeune ?
...
Il parait évident que l’on trouve dans ces comparaisons ce qu’on est venu y chercher, auréolées du sérieux que confèrent les statistiques, mais sans indiquer toute la subjectivité qu’on peut inclure en y effectuant des tris préalables.
Du reste, pourquoi faudrait-il, et c’est bien la question, effectuer une comparaison entre toutes ces disciplines sportives forcément différentes, aux tarifs hérités d’une histoire propre, des tarifs à mettre en rapport avec un nombre de pratiquants (ça ne fait pas les mêmes totaux pour les Fédérations), ou des spécificités liées à la nature de l’activité sportive ?
Pourquoi sinon pour venir en soutien d’une démonstration qui, plus centrée sur un unique objectif, se révèle très délicate à mener.
Avec sinon, la nécessité visible d’un véritable débat, forcément beaucoup plus large, moins tranché que l’unanimité qui brille dans ce procès-verbal et ses 1808 votes exprimés (en réalité, 196 délégués si j’ai bien tout compris) ?
III - Le coût financier pour accéder à la pratique d’un sport : « un acte politique relativement important ».
J’en suis parfaitement d’accord, bien que je préfère plutôt parler de choix « philosophique ».
Dans notre association, nous nous montrons particulièrement attentifs, depuis toujours, à ces aspects. Et l’aspect financier de la pratique du tennis n’en est pas un des moindres.
Je donne en exemples quelques actions de notre association.
Je citerai tout d’abord la démarche du Tournoi Hôte (voir notre site sous les onglets Compétitions puis Tournoi Hôte) pour laquelle il parait que j’ai froissé des responsables notre Ligue. Peu importe. L’idée que je défends est bien de redonner de la pertinence, une justification directe aux montants des inscriptions dans ces tournois individuels, pour mieux se rapprocher du joueur. Le joueur d’abord ! Et tant pis pour d’autres financements qu’il faudra que les bénévoles du club aillent durement récolter ailleurs. Un vrai choix philosophique.
Un autre exemple : un adulte, dans notre association, règle 98 € pour « avoir accès à la pratique du tennis ». C’est, comme pour la FFT, l’objet premier de notre association. Nous considérons donc que notre premier souci doit être de maintenir à un niveau raisonnable le montant de nos multiples cotisations (voir sur notre site, les onglets Club puis Tarifs). L’adhérent d’abord.
Là encore il faut avouer que ces démarches sont souvent difficiles, nécessitant de sortir majoritaire d’âpres débats, comme si, une fois élu, un adhérent-dirigeant perdait le sens de ce qu’est une augmentation, en n’hésitant plus à la requérir pour toutes sortes de justification : « c’est pour les jeunes », « c’est pour les équipes », « c’est pour les féminines »... Alors que, pour le commun des non élus, qui restent les plus nombreux, pour la majorité des citoyens plus généralement, chacun de ces projets d’augmentation est profondément remis en cause, discuté, débattu, et quasi toujours regretté, fortement.
J’imagine que si j’ai pu observer cela à ma petite échelle, dans notre club, il en va de même à de plus grandes échelles : « c’est pour Roland Garros», « c’est pour nos champions nationaux », « c’est pour les comités, les ligues », « c’est pour l’image de notre sport »...
Je viens de consulter mes archives : nous avons un niveau de cotisation dans notre club d’une petite centaine d’euros (voire moins sur une dizaine d’années avec 92 € dès 1998 / voir notre site sous les onglets Club puis Archives) depuis… 1988 !
26 années, 26 Assemblées Générales où nous avons apporté, collectivement, un soin extrême à ne pas être en contradiction avec l’objet premier de notre association : l’accès à « la pratique du tennis », qui passe évidemment, pour nous, par des cotisations maintenues à un niveau raisonnable, accessible au plus grand nombre. Notre président vient même de proposer une baisse pour 2013/2014 (- 10 €) !
La seule augmentation que nous répercutons sur nos cotisations club (pas toujours d’ailleurs), depuis 1988 est… l’augmentation du montant de la licence fédérale !
Aussi, c’est vous dire si cette augmentation que j’apprends avec cette totale et mauvaise surprise est de nature à motiver cette longue lettre pour vous alerter sur ces aspects qui, je pense, ont été oubliés ou trop minorés dans vos travaux.
Avec ce choix de la Fédération de « taxer » littéralement (on peut appeler cette augmentation une « taxe » dans la mesure où elle se surajoute à un montant historique d’augmentation déjà défini dans l’histoire de la FFT) son million de licenciés, c’est une trentaine d’années de la philosophie de notre association que vous réduisez à néant, 30 ans d’efforts réels et persévérants de notre association pour maîtriser le montant de ses cotisations, que vous rayez d’un trait. 30 ans de réussite totale dans la réalisation de l’objet premier de notre association, que nous avons en commun avec la FFT : « l’accès pour tous à la pratique du tennis ».
IV - Une fédération où le turn-over est important
J’ai cru comprendre qu’il y a, traditionnellement, environ 300 000 adhérents qui constituent un turn-over considérable, ces visiteurs d’une saison, adhérents qui ne renouvellent pas leur première expérience tennis à la fin d’une première saison. L’enquête menée par l’Institut de Recherche et de Développement du Sport (I.R.D.S.) de mars 2011, a révélé d’une façon qui vous a paru pertinente les raisons pour lesquelles ces adhérents ne persistaient pas dans le tennis à l’issue de leur première saison. Et, parmi les quatre principales raisons de cette désaffection importante (notre fédération ne se sauve que grâce aux 300 000 nouveaux arrivants d’après ce que vous indiquez), que trouve-t-on ? Que disent ces gens pour justifier qu’ils ne poursuivent pas leur expérience tennis ? Le coût ! Le prix ! Le montant des cotisations ! 34 % d’entre eux disent que pour revenir au tennis, il faudrait leur proposer des « prix moins élevés ». C’est la première condition d’un possible retour.
Croyez-vous un seul instant que proposer une telle augmentation du montant des licences fédérales est de nature à lutter contre ce turn-over important et qui doit interroger ? A quoi sert donc cette enquête si ses résultats donnent lieu à une politique inverse aux préconisations qui en ressortent de façon aussi évidente ? Croyez-vous un seul instant que les élus qui votent cette augmentation de la licence fédérale tiennent compte de ces données et de la réalité de ce que représente déjà une adhésion dans un club ?
Et comment ici ne pas rappeler encore l’objet de la FFT : « l’accès pour tous à la pratique du tennis » ?
V - Un « projet coûteux » n’est pas un « projet vertueux »
Je ne comprends pas cette seconde (première en fait si l’on adopte votre point de vue) justification qui est avancée pour valider ce changement important du rythme d’augmentation du montant de la licence fédérale.
Il reste 21 millions d’euros à financer pour clore le plan de financement de ce projet.
Est-ce une bonne raison pour venir « emprunter » de l’argent aux licenciés de la FFT, qui paient pourtant déjà régulièrement, depuis des années, le montant de leur licence ?
Si la Fédération n’est pas en capacité de trouver ces 21 millions d’euros pour un projet qui est passé de 273 millions d’euros à 340 millions d’euros, n’est-ce pas au projet d’en tenir compte, de revenir à une enveloppe financière en cohérence avec les possibilités de la FFT ? N’est ce pas au projet d’évoluer, de se montrer raisonnable ? Je lis qu’il y a encore quantité d’aléas dans les éléments financiers de ce projet que vous décrivez vous-même comme « très coûteux », sans doute parce que « très beau ». N’y a-t-il pas là, dans ces deux expressions, la nature même du problème qui se pose à la FFT et non au million de licenciés ? Trop coûteux, parce que trop beau ! N’y a-t-il pas nécessité à se porter sur un projet plus raisonnable et moins coûteux ?
Vous évoquez un contexte mondial, cette concurrence entre grands tournois, une nécessité à rester un des quatre tournois majeurs. Vous nous décrivez cette situation comme une sorte de course en avant sans fin. A vous lire, on comprend même que vous le déplorez.
Est-ce aux licenciés de base de s’acquitter d’un montant surnuméraire pour que vive un tournoi qui pour continuer d’exister devra être en mesure d’investir ce que vous dénoncez vous-même par « des sommes extravagantes » ? Est-ce à nous d’être sollicités pour participer à cette course folle, immorale bien souvent, inacceptable pour le commun des licenciés, tous pratiquants modestes en quête de bien autre chose que ces folies d’un monde trop moderne ?
Ce tournoi, c’est le « navire amiral » dites-vous, c’est 80 % du financement du budget nécessaire au train de vie de la Fédération. Il faut donc le maintenir à flot. C’est ce que je lis encore.
Mais en quoi ce train de vie, qui semble donc artificiel (si l’on retire le financement tiré du tournoi) doit-il être assuré par les licenciés qui règlent déjà une licence fédérale, chaque année, depuis des lustres ?
Quel risque y a-t-il pour le licencié de base à ce que ce tournoi ne parvienne plus à financer ce train de vie qui n’est pas celui du licencié de base ? Faut-il adapter le montant de la licence au train de vie décidé par la FFT ou faut-il adapter ce train de vie aux recettes réelles de la Fédération Française de Tennis ? Est-ce les recettes qui décident des dépenses ou les dépenses qui décident des recettes ?
Est-ce nécessaire que je vous avoue la réponse qui s’impose à tous, simples ménages, entreprises, collectivités locales, l’Etat même qui doit respecter des contraintes et se retrouve à l’amende, au bord de la banqueroute s’il ne s’acquitte pas de cette nécessité qui consiste à ne pas dépenser plus qu’il ne gagne ?
Comment ne pas considérer que vous demandez aux licenciés de la FFT d’engager des sacrifices pour financer un projet « très coûteux » comme vous le précisez, tout cela pour maintenir artificiellement le tournoi de Roland Garros dans la cour de ces grands spectacles où l’argent règne en maître, où, avant de parler sport, on doit négocier les budgets, les droits, les parts d’un gâteau toujours plus gros, très très loin de « l’accès pour tous à la pratique du tennis » ?
VI - Une augmentation à vie présentée comme le financement d’un projet 2013/2018
Ce que je regrette également (mais peut-être n’ai-je pas tout compris) sur cet argument des 21 millions d’euros, c’est qu’il semble justifier une campagne de financement s’étalant sur cinq années mais... qui semble pourtant partie pour... l’éternité !
En effet, on pourrait se dire que pour financer un projet aussi… hors normes, l’on sollicite, de façon exceptionnelle, les licenciés, sur cinq ans (hypothèse qui ne m’agrée pas pour toutes les raisons déjà évoquées, mais faisons comme si…).
Si ce sont bien ces 21 millions qui seront ainsi financés durant ces cinq années*, pourquoi n’ai-je pas vu, dès 2019, la proposition complémentaire qui consistera à revenir, pour le montant des licences fédérales, au niveau qu’elles auraient du atteindre, sans cette parenthèse du financement d’un projet non financé autrement ? Où est cette proposition pour que, en 2019, une licence adulte soit redéfinie à un montant de 23.50 € et non 31.50 € et qu’une licence enfant retrouve un niveau historique, de 14 €, voire moins (augmentation de 0.50 euros tous les deux ans) ?
* j’ai cru comprendre que 10 millions seraient retirés de cette « augmentation augmentée » des licences, sur 5 ans (phase 1), et 10 autres millions espérés sur une réforme du train de vie du siège, des ligues et des comités (phase 2) ?
VII - Un projet à + 64 % pour la licence enfant
Sur cette simple constatation, M. le Président de la Fédération française de Tennis, comment avez-vous pu convenir, avec les 196 délégués élus à la Fédération, qu’il fallait également appliquer, à des enfants, dont notre préoccupation première devrait bien être de ne rester soucieux qu’à leur accès à la pratique sportive, pour chacun d’eux, avec le renfort de toutes les mesures possibles, que pour eux aussi, pour eux aussi... il leur faudrait financer la modernisation du stade de Roland Garros ? Peut-on demander à un enfant d’investir dans la modernisation d’un stade ? N’est ce pas l’affaire des grands ? Sommes-nous des adultes capables d’aller ainsi compromettre l’accès à la pratique du tennis pour un enfant en appliquant 64 % d’augmentation en plus de l’augmentation « naturelle » de la licence fédérale nécessaire ?
Aviez-vous si peur d’imposer aux adultes ces 20 € « nécessaires » d’augmentation en 5 ans (+ 95 %) ? Présentée ainsi, cette augmentation vous serait-elle apparue comme hors de toutes proportions, son vrai visage en fait ? Cette peur aura-t-elle été suffisante pour qu’on ne fasse aucun cas d’une mesure touchant aussi lourdement les licences enfant ? + 64 % en cinq ans !
Je vois que l’on observe une baisse quasi générale dans les Ligues, du nombre de licenciés jeunes. Et malgré cette observation, que vous consignez, vous avez demandé + 64 % d’augmentation en cinq ans sur la licence fédérale jeune ?
VIII - Un projet fort probablement en contradiction avec l’article 1, paragraphe 1 des statuts de la Fédération Française de Tennis
Je relis l’objet de la Fédération indiqué dans les statuts de la FFT, article 1, paragraphe 1 : la Fédération « a pour objet l’accès de tous à la pratique du tennis ». Et comment ne pas insister encore ?
Je suis terriblement persuadé qu’en prenant une pareille décision, les élus de la Fédération se sont écartés de l’objet premier de cette Fédération qui ne reste pourtant que notre bien commun. Je pense fortement que « l’accès de tous à la pratique du tennis » est compromis par cette augmentation.
Lequel d’entre les élus ayant voté unanimement ce projet , peut-il venir affirmer hautement qu’en appliquant, en cinq ans, une augmentation du montant de la licence fédérale d’aussi fortes proportions, il aura su rester d’abord soucieux à cet objet premier : « l’accès de tous à la pratique du tennis » ?
Oui, certes, garder au tournoi de Roland Garros le retentissement d’un évènement sportif planétaire représente sans doute des enjeux, importants. Oui, certes, garder un tournoi de ce rang diffuse au mieux l’image d’un sport attrayant auprès de tous les publics possibles. Un formidable spot de publicité. Oui, certes, les efforts consentis par la FFT pour le sport de haut niveau sont ainsi assurés.
Mais au-delà de ces objectifs très autocentrés sur la FFT et le fonctionnement du sport de haut niveau qu’elle soutient, aucun de ces élus ne pourra venir prétendre que, oui, cette augmentation va favoriser « l’accès pour tous à la pratique du tennis » ! Aucun.
Et c’est bien là tout le problème. Et c’est bien en ce sens que ce projet de modernisation, s’il passe effectivement par un changement aussi important du rythme de l’augmentation du montant de la licence fédérale, en rupture avec la tradition de la Fédération, n’est pas un « projet vertueux ».
Je ne rentre pas en opposition sur ce projet de modernisation du stade de Roland Garros. Mon propos n’est pas de décrier ce projet. Je vous avoue que mes préoccupations profondes sont mobilisées à 100 % sur la bonne marche de l’association dont je suis un élu parmi d’autres. Mais non, s’il nécessite de telles dispositions remises en cause ici, on ne peut pas dire que ce projet est « un projet vertueux ».
L’on va sans doute résumer ma démarche à celle d’un opposant supplémentaire à ce beau projet de modernisation du stade de Roland Garros. Je comprends fort bien que les élus de la Fédération ne vont pas apprécier de se voir remis en cause sur un projet voté à l’unanimité. Ces élus ne vont pas apprécier non plus que l’on se permette, comme je le fais ici, de les interroger sur un juste respect de l’article 1, paragraphe 1 des statuts de la FFT. On va donc assez vite, je le crains, me ranger parmi ces « détracteurs virulents et motivés » que vous semblez tant décrier.
J’espère que ce ne sera pas la seule réponse que j’obtiendrais du plus grand nombre de ces élus.
X - Le Tennis Club de Crépy en Valois n’a pourtant pas manifesté d’opposition à recevoir 16 000 € de la FFT pour participer au financement de son troisième court couvert
De la même manière, plutôt que de répondre sur le détail de ces arguments que je présente avec une profonde sincérité, sans autre intention, je pense que des archives de la FFT on ressortira assez vite cette information.
Bien qu’ayant peu de rapport avec la question qui fait débat dans ce courrier, je préfère donc évoquer cela dès à présent. J’espère ainsi que cet élément ne viendra pas brouiller un débat autrement posé.
Je lis, dans ce même procès verbal de l’assemblée générale de la FFT, qu’environ 500 clubs ont bénéficié, durant ces cinq dernières années, d’une subvention attribuée par la FFT. Avec la réalisation d’un troisième court couvert, notre association ferait ainsi partie de ces 500 heureux bénéficiaires d’une redistribution des sommes recueillies par la FFT, et donc d’éventuelles retombées des recettes de Roland Garros.
Je n’ai pas le cœur à amener des précisions qui relativisent pourtant cette aide. L’effort consenti par la FFT reste fort appréciable et reste trop rare pour que, en tant que responsable de notre association, je ne continue pas à me féliciter d’une pareille collaboration.
Ce courrier, ces questions sur le changement de rythme de l’augmentation du montant de la licence fédrale, continuent pourtant bien à concerner le million de licenciés à la Fédération Française de Tennis. On comprendra donc aisément que prendre en exemple les 500 clubs qui ont pu bénéficier d’une subvention de la FFT durant ces cinq dernières années n’est pas de nature à discréditer les questions posées par ce courrier.
A moins qu’on en soit réduit à chercher à discréditer le responsable du Tennis Club de Crépy en Valois que je suis pour envisager, du même coup, de discréditer l’ensemble des questions que je pose ici ?
Là encore, j’espère obtenir d’autres réponses.
XI - Des augmentations futures qui peuvent et doivent être soumises aux licenciés
Pour finir, je lis, M. le Président, que vous êtes assez fier d’avoir favorisé « l’unité » des dirigeants du tennis français. Sur cette question précise du montant des licences, je ne me souviens pas d’avoir été sollicité, ni les dirigeants de notre association.
Je note votre souhait d’être « un président fédérateur ». Vous nous dites que la Fédération est « unie et solidaire ». Je pense très sincèrement que pour justifier de pareilles affirmations sur la question précise de ce changement du rythme de l’augmentation du montant de la licence fédérale, il vous est encore nécessaire d’aller recueillir cette confirmation auprès du million de licenciés. Ce qui reste possible. Et ce qui pourrait parfaitement se révéler en la faveur du projet que vous défendez et les moyens à solliciter auprès des licenciés. Je le pense sincèrement. Il n’y a pas à avoir peur de ce « référendum » que vous pourriez organiser sur une question aussi essentielle.
Et il est encore temps pour 2015, 2016, 2017 et 2018 !
J’attends donc votre réponse sur les points de vue que je présente ici.
Elle sera déterminante dans la poursuite d’une démarche de ma part.
Soit vous m’aurez convaincu de l’inexactitude des points de vue que je développe ici. Auquel cas je n’engagerais pas d’autres démarches. Soit il me paraitra important d’aller solliciter et recueillir, à la lumière de vos réponses, l’avis des autres adhérents de notre association, des licenciés d’autres clubs picards, voire plus largement encore, par voie de presse éventuellement.
Et je resterais bien assuré, d’avoir, en toutes choses, recherché l’intérêt essentiel des licenciés de notre Fédération.
Cordialement
Christophe Carré
Membre du Comité de Direction du Tennis Club de Crépy en Valois
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